La nuit est à peu près complétement tombée quand nous franchissons les murs de l’auberge Hadama Kem Kem. Première constatation, nous sommes les seuls clients. Tellement seuls que même nos amis avec nos véhicules de soutien ne sont pas là!
Bizarre quand même, il avait une bonne heure d’avance sur nous et la traversée de l’oued nous a pris bien un temps fou, sans compter ma crevaison. Amar, nous accueille à bras ouverts et fait mettre une table dehors pour nous et nous sort des coke bien frais et du thé à la menthe.
Amar, le propriétaire est un tout petit bonhomme bien sympathique et très jovial. Didier s’arrête ici à chaque passage et il a bien raison.
Petite vérification des textos pour essayer d’avoir des nouvelles de nos amis. Message incompréhensible : «coordonnées auberge en Algérie, impossible continuer. Rendez-vous à xxx» (j’ai oublié le nom du village en question pour le rendez-vous).
Une chose est certaine, aucun de nous 4 ne reprend la piste de nuit pour rejoindre les 4x4 ce soir. Amar qui nous écoute nous dis que c’est impossible qu’ils soient déjà au point de rendez-vous qu’ils proposent, la seule piste qui y mène passe par ici et il saurait si un Patrol et un Land était passé par là.
Nous commandons un tajine en attendant car notre pâté Hénaff du midi est un très lointain souvenir (on a bien fait de commander tout de suite car il a pris deux heures à arriver ce tajine). Amar, curieux de savoir où sont nos amis prend les choses en main et nous avons une belle démonstration de ce qu’est le téléphone arabe. Il appelle tous les villages entre Tafraout et Merzouga. «Ils sont passés à tel village il y a 3 heures!», «ils ont fait le plein de diesel à tel endroit à 16 heures», «ils ne sont pas passé par ce village, ils ont dû prendre la piste ouest», coup de téléphone après coup de téléphone on voit se dérouler dans le désert virtuel de nos imaginations le parcours de la journée de nos amis, incroyable!
Puis, une révélation «ils étaient à tel village il y a 20 minutes, ils ne peuvent être que sur telle piste, j’envoie Ahmed avec le Land Rover pour les retrouver». Wow!
C'était la soirée de la pleine lune :
Effectivement, alors que le tajine arrive sur la table un convoi de 3 camions entre dans l’enceinte de l’auberge. Le GPS Garmin du Discovery plaçait les coordonnées de la frontière avec l’Algérie 60 kilomètres plus à l’ouest qu’en réalité, déménageant du coup Tafraout hors du Maroc. Ils avaient donc décidés de ne pas s’approcher de ce point et essayés de trouver une piste plus à l’ouest, ils se sont bien perdus et fait un énorme détour. De plus rouler de nuit sur les pistes du sud est un peu effrayant. Les locaux roulent sans lumières, certains disent que c’est pour économiser l’électricité mais, ils nous avons aussi entendu dire que l’on voit mieux les pièges du sable sans lumières artificielles et cette nuit-là avec la pleine lune, cette théorie ne me parut pas ridicule.
La journée avait été physiquement éprouvante pour tout le monde et c’était un vrai plaisir de se retrouver autour de cette table avec des amis, une bonne bouffe, séparé du désert par un muret de sable, sous la pleine lune à écouter les histoires de rallyes, de misère de gens déplacés à cause de la guerre avec l’Algérie et autres histoires que nous contait Amar. De plus nous avions des douches chaudes et Pat, Radu, Jo et moi allions une nouvelle fois dormir dans une tente berbère, encore une nuit de sommeil réparateur très bien venue. Qu’est-ce qu’on dort bien dans le désert.